Térébinthe
Observé par Tournefort dans l'île de Chios.
Il est difficile de savoir quel arbre désigne Tournefort par le terme térébinthe. Il peut s'agir aussi bien de Pistacia terebinthus L. que de Pistacia atlantica Desf. En effet, les deux espèces sont présentes sur l'île, se ressemblent beaucoup et donnent toutes les deux de la résine.
Un élément en faveur de la première identification est la description du rachis de la feuille : "les feuilles naissent sur une côte longue d'environ quatre pouces, rougeâtre, arrondie sur le dos, sillonnée de l'autre côté".
Le rachis des feuilles de Pistacia atlantica est ailé, ce qui permet de le distinguer de P. terebinthus (dont l'indigénat est par ailleurs mieux avéré que celui de P. atlantica). Il serait suprenant qu'un observateur tel que Tournefort n'ait pas pris en compte cette particularité.
En revanche, la description du milieu plaide davantage pour P. atlantica : "Les térébinthes naissent dans cette île sans culture sur le bord des vignes et le long des grands chemins".
Pistacia atlantica, probablement cultivé, s'observe généralement le long des chemins ou à proximité des villages, alors que P. terebinthus s'exprime davantage en milieu naturel : boisements, maquis...
" Les térébinthes naissent dans cette île sans culture sur le bord des vignes et le long des grands chemins ; leur tronc est aussi haut que celui du lentisque, aussi branchu, touffu, et couvert d’une écorce gercée, grisâtre, mêlée de brun ; les feuilles naissent sur une côte longue d’environ quatre pouces, rougeâtre, arrondie sur le dos, sillonnée de l’autre côté et terminée par une feuille, au lieu que les autres sont disposées par paire : toutes ces feuilles ont un pouce et demi ou deux pouces de long sur un pouce de largeur vers le milieu, pointues par les deux bouts, relevées sur le dos d’un filet considérable, subdivisé en menus vaisseaux jusque sur les bords ; elles sont fermes, vert luisant un peu foncé, et d’un goût aromatique mêlé de stypticité. Il est du térébinthe comme du lentisque, c’est à dire que les pieds qui fleurissent ne portent point de fruits, et que ceux qui porte des fruits ordinairement ne fleurissent pas. Ses fleurs naissent à l’extrémité des branches sur la fin d’avril, avant que les feuilles paraissent ; ces fleurs sont entassées en grappes branchues et longues d’environ quatre pouces ; chaque fleur est à cinq étamines qui n’ont pas une ligne de long, chargées de sommets cannelés, vert jaunâtre ou rougeâtres, pleins d’une poussière de même couleur ; toutes ces fleurs sont disposées par bouquets sur leurs grappes, et chaque bouquet est accompagné de quelque petite feuille velue, blanchâtre, pointue, longue de trois ou quatre lignes. Les fruits naissent sur des pieds différents, rarement sur le même que les [fleurs] : ils commencent par des embryons entassés aussi en grappes de trois ou quatre pouces de longueur et s’élèvent du centre d’un calice à cinq feuilles verdâtres, pointues, qui à peine ont une ligne de long ; chaque embryon est luisant, lisse vert gai, ovale pointu, terminé par trois crêtes couleur d’écarlate ; il devient ensuite une coque assez terne, longue de trois ou quatre lignes, ovale, couverte d’une peau orangée ou purpurine, un peu charnue, styptique, aigrelette, résineuse, la coque enferme un noyau charnu, blanc enveloppé d’une peau roussâtre. Le bois de térébinthe est blanc. " TOURNEFORT 1717.