2 décembre 1700, Tinos

" Le bourg de San Nicolo bâti sur les ruines de l’ancienne ville de Tenos, au lieu de port n’a qu’une méchante plage qui regarde le sud, & d’où l’on découvre l’île de Syra au sud-sud-ouest.

Cette île avait été appelée l’île aux serpents.

Elle a 60 mille de tout (…) pleine de montagnes pelées, mais la mieux cultivée de l’archipel. Tous les fruits y sont excellents (…) la vigne y vient admirablement bien.

Les figuiers de Tine sont fort bas et fort touffus ; les oliviers y viennent fort bien, mais il y en a peu & leur fruit n’est destiné que pour être salé ; on y manquerait de bois et de moutons si on ne les tirait d’Andros ; d’ailleurs le pays est agréable et arrosé de beaucoup de fontaines (…). On a dit plus haut qu’on l’avait nommée l’île aux serpents, mais Hesychius de Millet nous apprend que Neptune s’était servi de Cigognes pour les exterminer : il faut que cela soit vrai, ou que la race de ces reptiles en soit éteinte puisqu’on n’en voit plus.

La forteresse de Tine où nous arrivâmes à cheval de San Nicolo en une heure de temps est sur la roche dominante du pays, & où la nature a plus travaillé que l’art.

Le mauvais temps ne nous permit guère d’herboriser dans le Tine ; nous y observâmes pourtant quelques belles plantes, entre autres celle d’où coule la Manne de Perse ; mais nous ne pumes pas aller voir les autres raretés de l’île, comme la caverne d’Eole, la tour de la Donzele, les restes du temple de Neptune, la Madona Cardiani ; trop heureux de pouvoir traverser le canal de Mycone, où nous n’arrivâmes pas sans danger, à cause des furieux sauts que faisait notre caïque ; cela nous confirma dans la pensée de ceux qui ont cru que l’Archipel avait été nommé par les anciens la mer Egée, parce qu’au moindre vent ses flots bondissent comme des chèvres, de même qu’on l’a remarqué plus haut." TOURNEFORT 1717.