Du 26 au 30 octobre 1700, Syros

Il n'y a pas de journal concernant le séjour fait à Syros. Je me reporte donc au texte publié en 1717.

" Nous voici dans Syra, l’île la plus catholique de tout l’Archipel (…). Un peuple honnête, ennemi déclaré des voleurs, plein de bons sentiments, et si laborieux qu’on ne saurait reposer dans cette île : la nuit à cause du bruit universel des moulins à bras que chacun exerce pour moudre son blé, le jour à cause des rouets servant à filer le coton.

L’île est des mieux cultivées (…) Quoi que Syra soit une île montagneuse, elle manque de bois, et l’on n’y brûle que des broussailles ; mais elle est plus fraîche et plus humide que la plupart des îles de l’Archipel. Homère en a fait une peinture avantageuse. Le bourg est à un mille du port tout autour d’une colline assez escarpée (…).

La principale fontaine de l’île est fort ancienne et coule tout au fond d’une vallée assez près de la ville : les gens du pays croient (…) qu’on venait autrefois s’y purifier avant que d’aller à Délos : on nous avertit trop tard qu’il y avait une inscription à cette fontaine ; il fallut profiter du vent sans pouvoir l’aller examiner.

Nous trouvâmes dans Syra le long de la marine assez près du port une plante qui nous fit beaucoup de plaisir, c’est celle qui produit la manne de Perse (…) il me parut même fort extraordinaire qu’une plante qui fait partie des beautés des plaines d’Arménie, de Géorgie et de Perse se trouvât comme retranchée dans les îles de Syra & de Tine. Mr Wheeler l’observa dans Tine et la prit pour une plante non décrite. J’en ai fait un genre particulier sous le nom d’Alhagi (TOURNEFORT 1717). 

Odyssée, XV, 403-414

On appelle Syros – connais-tu ce nom-là ? - une île qui se trouve au-dessus d’Ortygie [Délos], du côté du couchant. Ce n’est pas très peuplé, mais c’est un bon pays : des vaches, des moutons, du vin en abondance, du grain en quantité. On n’y connaît jamais la famine, jamais les maladies, fléaux des malheureux humains ; mais, quand les citadins ont atteint la vieillesse, le dieu à l’arc d’argent, qu’Artémis accompagne, Apollon les abat de ses plus douces flèches... (traduction de Victor Bérard).